DALLAS MOORE: Mr Honky Tonk (2018)
De temps en temps, un bon disque de country music sort sur le marché. De la véritable country, authentique et ancrée dans ses racines mais sachant aussi flirter avec le rock en s’accompagnant de guitares qui claquent comme des fouets. Pas de la soupe pour citoyens bien-pensants distillée par les radios américaines du Middle West ni de la musique polie et chromée s’échappant des studios d’enregistrement de Nashville pour engranger un maximum de pognon. Oui, de temps en temps, un mec du terroir balance un album costaud et bien ficelé tout en restant fidèle à ses origines. Par exemple, le genre de productions que réalise Hank Williams Junior depuis des années. Là, c’est Monsieur Dallas Moore qui s’y colle avec sa voix chaude décapée au bourbon et ses paroles percutantes destinées aux rebelles et autres renégats de la campagne. Certains musiciens de renom ne s’y sont pas trompés et ont accouru pour lui prêter main forte : le grand harmoniciste Mickey Raphael (qui a soufflé pour Willie Nelson et Waylon Jennings, entre autres), le bassiste Michael Rhodes et Steve Hinson à la pedal steel guitar. Le guitariste de Dallas Moore n’est pas un manchot non plus et lâche des solos incisifs. L’album ne contient que huit titres mais, après tout, pourquoi faire plus quand l’efficacité est au rendez-vous ? Dès le début, on sait où on va en écoutant « Home is where the highway is », un morceau country mélodique et musclé en même temps. L’harmonica de Mickey Raphael demeure toujours aussi envoûtant tandis qu’une guitare électrique aiguisée se partage les solos avec un dobro inspiré. « Mr Honky Tonk » reste dans la musique country classique avec une pedal steel et un bon solo de six-cordes country teinté de quelques accents jazzy. Le rock n’ roll fait une percée sur « Killing me nice and slow » avec une gratte mordante sans doute pourvue d’un « string puller » (un système installé au dos d’une guitare électrique, permettant de tirer les cordes pour obtenir des sons proche d’une pedal steel guitar). La ballade « You know the rest » se défend bien en alternant harmonica et pedal steel. On retourne ensuite au pays de la country classique avec « Texahio » et « Somewhere between bridges » (rehaussé par un violon et une guitare affûtée). La belle chanson lente « Kisses from you » est enrobée d’une six-cordes à la sonorité proche de celle de Waylon Jennings. Pour finir, « Shoot out the lights » se rapproche du southern rock avec un harmonica, une slide entêtante et un solo de guitare découpé au couteau Bowie. Quelques mots suffisent à résumer cette production : de l’excellent travail ! Un disque fait sur mesure pour les amateurs de country music et les southern rockers !
Hell Yeah !
Olivier Aubry